Designer graphique de formation, Aline travaille aujourd’hui différents médiums : 
la création graphique et direction artistique, la céramique, scultpure et modelage, 
et enfin la 3D, plus spécifiquement l’impression du matériau céramique.
Trained as a graphic designer, Aline Girard works within a wide range of media: graphic design and art direction, sculptural ceramics, with a special interest in 3D ceramic printing.



Expositions \Exhibitions


14.06.24 → 20.09.24

Mi-cru Mi-cuit

Commissariat Sarah Ihler-Meyer & Sophie Toulouse
Group show avec Sookoo Ang,  Julien Berthier,  Perrine Boudy, Nicolas Boulard,  Olaf Breuning,  Io Burgard,  Famous People Cakes: Victoire Marion-Monéger + Guillaume Bihan,  Samir Mougas, Yoan Estevenin,  Philippe Garcia,  Aline Girard,  Sébastien Gouju,  Luke James,  Ellande Jaureguiberry,  Charlie Malgat,  Olivier Marty,  Coco Mayer, Pascal Monteil, Vincent Olinet,  Raphael-Bachir Osman,  Camille Tsvetoukhine,  Vincent Villard.
Hyperbien Galerie, Montreuil

15.06.24 → 31.08.24

Chapelet-Les Halles

Projet Ah! Sacrée céramique, un duo formé par Hélène Thomas et Aline Girard
Badseeds record / Super Banco Riso, Brest

Mai 2024

Pièces montées (et reliques technologiques)

Sortie de résidence avec Gwendal Coulon
Fondation d’entreprise Martell, Cognac


Juin 2023

Plat de résistance

avec Gwendal Coulon et Aline Girard
→ La librairie, chez Victor Givois, Les Lilas


Mars 2023

Pique-nique dans un million d’années

Avec Clément Garcia-Le Gouez, Juliette Teste et Aline Girard
Galerie Gaudel de Stampa, Paris 6


Avril 2023

Service Rendu

Sortie de résidence avec Gwendal Coulon
Fondation d’entreprise Martell, Cognac


Septembre 2022

Outreterre

Sortie de résidence 
Galerie Octave Cowbell, Metz


Mai-juillet 2021

STONE AGE

(commissariat)
Avec Gwendal Coulon, Clément Garcia-Le Gouez, Lina Viste Grønli
Rafael Moreno, Florence Reymond, Clément Rodzielski, Andrea Romano 
& Jessica Warboys
Galerie Gaudel de Stampa, Paris 6

2020

Argent rose

Exposition collective 
sur une invitation de Roxane Borujerdi 
→ Galerie Emmanuel Hervé, Paris 20

2019

CRUCHE, GOURDE ET POTICHE

Exposition personelle
Galerie SPEND, Paris 11


Résidences \ Residencies


 

Ateliers du Faire, avril & mai 2024
à la Fondation Martell, Cognac
avec Gwendal Coulon 

Galerie Octave Cowbell, Metz
Résidence d’été en août-Sept 2022
avec ESTensemble

Ateliers du Faire, avril 2023
à la Fondation Martell, Cognac
avec Gwendal Coulon








Text\es


La cruche du dernier printemps sur terre

de Florence Reymond et Pascal MonteilTexte écrit à l’occasion de l’exposition “Pique-nique dans 1 million d’année”


Passer à table ressemble à un passage à tabac. Des cruches, des pots, des bols décomposés, des chutes rapiécées, découpées, recomposées.

L’heure est à l’urgence de faire et d’exister, alors que la soupe chauffe, que les gamins ont faim il faut déjà partir ! Vite on dresse la table, pistolet sur la tempe, rasoir surle bec, carafes et bols moqueurs, poches trouées, visages défigurés .

La vaisselle est carbonisée comme un steack, les cruches se sont mises au rose,le pique-nique est grillé ! La tête haute, le bras sous le pli du sein, elles sentent la terre et les « mains négatives » des femmes préhistoriques.

Hop ! On défait la table.

Néron passe sa cruche à Jésus qui la passe à Bukowski. Elle roule d’Hollywood Boulevard jusqu’aux grottes de Lascaux, danse au-dessus des têtes et se penche pour rafraichir les gosiers des ouvriers de Babel, remplir et enivrer les coupes et les corps des bordels de Babylone.

Elle fait la sieste dans les meules de foin, passe devant nous sans s’arrêter, pisse dans les ruisseaux, ramasse une poignée de coquelicots. Elle fuit les banquets, les catastrophes, les accidents, les sécheresses, les famines, les tremblements de terre.

Repue, fatiguée, elle s’endort sur une natte, dans la cabane de la dernière femme sur terre. Vénus remet le couvert !




OUTRETERRE

Texte accompagnant la sortie de résidence à Octave Cowbell, septembre 2022
« Le monde extra-dimensionnel d'Outreterre, 
est le nom donné aux restes brisés flottant du monde […] » 
Wowpedia (World of Warcraft)

Durant sa résidence, Aline a souhaité expérimenter les terres des alentours de Metz, en ayant à l'esprit que ces terres ont une mémoire, elles en ont vu des guerres, des morts et des sécheresses. La guerre ouvre la terre, façonne le relief, tout comme elle disloque les corps et ré-arrange leur trajectoire. Les terres prennent les couleurs des minerais et des oxydes qui la composent, mais aussi des matières organiques en décompositions, dans les strates. La terre semble contenir une mémoire ancestrale qu’elle nous transmet. À travers les gestes des arpenteur•euses, collecteur•ices, potièr•es, céramistes et des artistes, cette mémoire ressurgit, puissante. 

Qu'est-ce qu'un•e céramiste a pour lui•elle dans ce monde? Iel a à faire. Le savoir-faire, le pouvoir-faire, le devoir-faire. Qu'est-ce que nous donne la terre depuis le début du monde? L'abri et l'ustensile. D'un côté la brique et de l'autre le bol. Un contenant qui nous contient et un contenant qui nous nourrit. La terre façonnée par nous est habitable. Un pot dans une maison. Un vase habitable. 

Le processus de recyclage de terres dans la pratique céramique s’inscrit dans un temps long, il faut de la patience et de l'abnégation. On arpente les chemins, on sonde les sols, on excave, on transporte, on met en eau, on laisse décanter, on tamise, on laisse sécher, on bat longtemps, ensuite seulement on modèle ou on bâti.

Aline imagine un répertoire de formes de pots qui peuvent être aussi des abris, des pots-maquettes au travers le dessins et le modelages des terres récoltées. Créer un paysage, des contenants pouvant nous contenir nous-même, pouvant être visités de l’intérieur, des bunkers éphémères, des vases-ventre, des vases-grottes dans lesquels s’inscrirait notre temps contemporain. Dans la répétition et l'épuisement du geste, elle va trouver dans la terre l'énergie de créer une société utopique, avec ce qu'il faut de sacré, de culture et de jeux pour que notre retour à la terre ne soit pas un aller simple vers un nouvel état primaire.




STONE AGE

« Je découvre ma main, je découvre les cailloux.
Ça fait plaisir de se réveiller après un long moyen-âge. » 
Salut C’est Cool, « Renaissance »


On entre dans la galerie Gaudel de Stampa un peu comme dans une grotte, traversant un vestibule pour pénétrer dans une cavité sans fenêtre, un white cube éclairé par le haut. Une galerie-grotte, une grotte-galerie. Une contraction temporelle survient alors, comme pour les 15 volontaires trogloxènes de l’expédition récente Deep Time, qui ont passé quarante jours au fond d’une grotte, coupés du monde.

STONE AGE
C’est un pavé dans l’écran Rétina. On résiste, on jouerait à penser que la caverne se serait retournée comme un gant, les chimères enfermées dehors et nous réfugié.e.s dedans. On traverse l’écran, on se connecte avec les temps innocents, immémoriaux, loin des virtual viewing rooms ou des œuvres crypto-monnayables. 

BEHIND THE SCENES
Comme sur les parois ornées des cavernes, les rapports de force, de pouvoir et de domination reprennent vie. Dans des saynètes cathartiques, violentes et burlesques, Rafael Moreno nous la joue Tom & Jerry façon junk. Puis, tel un Frankenstein, qui serait aussi boulanger, il fabrique des bouts de corps, mi-pain, mi-humanoïde, autant de créatures prêtes à participer au feu de joie.

Clément Garcia confectionne en série des faces en terre, qu’il farde d’épaisses couches de cosmétiques et maquillages. Concrétions matérielles de mille et un tutos make up, la série Femmascs alourdit les placides visages 
de grès d’intenses atours (On peut tester les filtres/masques Instagram sur @clementgarcial). Bout par bout, un corps pétrifié apparait spontanément au sol. Golem gisant, prototype d’humanité, iel repose paisiblement dans un lit improvisé, bordé d’une couverture aux motifs brumeux (en collaboration avec Charlène Wang).

On pourrait trouver les sculptures de Lina Viste Grønli à la supérette des Flintstones, des objets du quotidien recouverts de petits cailloux. L’archéologie passe par l’étude de l’objet vernaculaire, un retour à la pierre en passant par 
le rayon surconsommation. 

Avec ses Cocoons, Andrea Romano opère une compression maniérée des âges de l’art et des techniques, il se joue de la géologie et coud des feuilles d’ardoise, pour en faire les perles d’une sorte de rosaire géant.
Enfants, chamans, dieux… On s’invente de nouvelles idoles, de nouveaux prototypes, de nouveaux rituels et nous brandissons férocement nos armes poétiques.

BEHIND THE SCREENS
Les écrans sont fait de roches, de larmes et de sang. Ils nous rendent la vie impossible et les choses invisibles. Alors qu’un geste du pinceau de Clément Rodzielski met en relief tout le vernis (l’écran ?) qui recouvre le monde, en ajoutant ce plan, il nous révèle le précédent, un fond original peint pour dessins animés japonais. Sans le savoir, en regardant ces animés, on regardait de la peinture.

Florence Reymond, par couches accumulées, s’acharne comme une enfant, gratte et en réalité creuse dans les croutes de l’art et met à nu les parois de notre grotte oubliée. On se trouve face à ces monticules de matières : autels totémistes ou statues-menhirs, vieilles de 5000 ans, qui semblent nous observer avec leurs yeux trop kawaï.

« PEUT-ÊTRE UNE PEINTURE »
Transposer un compte Instagram dans la vraie vie tangible. C’est ce que Gwendal Coulon tente avec ses statements à l’aquarelle, dont les fonds dégradés, d’ordinaire impeccablement numériques, dégoulinent et larmoient. Mais qui va liker une aquarelle ? Nos avatars ont souvent bien plus de succès que nous-mêmes, dans notre vie quotidienne. Devant ses châssis vides ou cadres d’allu et plexis à peine peints, il nous fait regardeur.euse de peintures en puissance, virtuelles, « en construction ». Peindre c’est d’abord cadrer, ouvrir la fenêtre, mais sur quoi ? Est-on avant la peinture ou après ? Seraient-ce des ruines ou des fondations ? Loading…

Le cadre se racornit chez Jessica Warboys, fenêtres réduites à peaux de chagrin, écran-lorgnettes, miroir déformants… Empruntant ici au métier d’art qu’est le vitrail, elle crée de petits assemblages, des petits gris-gris de verre colorés, invocations animalière ou magique ou « oculus animi index »…

Dans cette grotte, on ne travaille pas, on fait. On handcrafte à mort. On fabrique des idées avec nos mains, de la poésie avec nos pattes pour redéfinir un Cosmos, nous les humanimaux. On s’affranchit de dizaines de milliers d’années d’expériences au monde, toutes plus inutiles et vaines les unes que les autres, on contourne les écrans occultants, enduit.e.s de boue.

Aline Girard, mai 2021


ALINE GIRARD PARIS


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5 avenue Francisco Ferrer
93 110 Pré-Saint-Gervais


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